La Fille de Monaco
"La Fille de Monaco" où l'histoire d'un homme raisonné qui déraisonne sous l'emprise d'une belle jeune fille ambitieuse. Classique ?!
Bertrand est un brillant avocat solitaire, à la vie bien réglée, à la limite de l'austérité. Lorsqu'il débarque à Monaco, c'est pour assurer la défense d'une vieille dame qui a commis un crime passionnel. Sa tranquilité est bousculée par l'entrée impromptue dans son quotidien d'un garde du corps modeste et zélé, Christophe et d'une bimbo envoutante, Audrey. Très rapidement, Bertrand perd la tête pour Audrey et s'en trouve grisé.
Si cette récréation divertit Bertrand qui se laisse aller pour la première fois à un peu de fantaisie, Christophe essaie tant bien que mal de l'y soustraire.
Très vite, on comprend qu'un parallèle s'opère entre la meurtrière défendu et Bertrand son avocat. Il n'y a que lui pour ne pas voir que les affres de sa cliente qu'il défend jour après jour par une plaidoirie sensible et clairvoyante, sont les affres dans lesquels il est emporté. Cette symétrie renforce à la fois l'effet comique de la situation et aussi ses possibilités tragiques. Bertrand est une mouche pris dans la toile d'Audrey, une mouche qui connait son sort et qui s'y abandonne. Comique parce que les filets d'Audrey sont cousus de files blancs et que c'est savoureux de voir Bertrand tombé dedans facilement, avec cet espèce d'étonnement de lui même.
Tous les différents points de vue qui permettent une distanciation entre l'homme mur, intelligent et subtille de l'homme dindon d'une farce amoureuse, renforcent cet effet comique. Ils introduisent aussi la tragédie. Notre héros tragique est entourré de signes anonciateurs qu'il ne voit pas.
Le trio d'acteurs, Fabrice Luchini, Roschy Zem et Louise Bourgoin interprètent avec brio, ce trio de personnages. Les rôles semblent avoir été écrits sur mesure.
Louise Bourgoin est magistrale en bimbo sans scrupules, qui se sert de ses charmes avec innocence, désinvolture et calcule. Elle incarne avec beaucoup de justesse la simplicité d'intentions de son personnage à la fois désarmante et effrayante. Elle fait penser par moment au personnage de femme fatale et enfantine incarné par Brigitte Bardot dans "Et Dieu créa la femme". Anne Fontaine avoue que c'est intentionnel. Je vous laisse le soin de retrouver ces clins d'oeil disséminés pendant la séance.
Malgré tous les efforts de "La Fille de Monaco" pour nous subjuger, l'intrigue ne décolle jamais vraiment. Même si on sent l'urgence d'une action du à l'étouffement croissant presque palpable du personnage de Bertrand, le dénouement est plat. De même, la chute est peu probable.
Classique?! Non, grâce au troisième personnage du garde du corps, qui propose une variante originale du trio amoureux. S'il ne permet pas à ce long de trouver son souffle, il intrigue et amène une dimension psychologique plus complexe.
France, 2008. Réalisation : Anne Fontaine . Scénario : Benoit Graffin, Anne-Fontaine et Jacques Fieschi. Avec : Fabrice Luchini, Roschdy Zem, Louise Bourgoin, Stéphane Audran, Gilles Cohen. Durée : 1h35.